Un des trésors du patrimoine appartenant à la ville de Linas est dans un état préoccupant.

La salle Saint-Georges du château de la Châtaigneraie est un joyau de la période Art Nouveau.

Ornées de faïence et de vitraux peints à la main, elle tient son nom d’une fresque monumentale en faïence émaillée qui recouvre entièrement le mur du fond (Saint Georges terrassant un dragon). Elle constitue un ensemble patrimonial remarquable couvrant tout le rez-de-chaussée du château de la Châtaigneraie de Linas.

Il serait plus exact de dire : « Elle constituait un ensemble patrimonial remarquable », car depuis 5 ans, ce trésor qui a traversé les époques a été sérieusement négligé.

Après 2020, la municipalité actuelle a décidé d’utiliser cet espace remarquable pour la cantine scolaire… à titre provisoire et exceptionnel.

Mais le provisoire est devenu permanent et il est en train de devenir définitif.

Destruction du caractère exceptionnel de ce patrimoine

Par petites touches successives, la municipalité de Linas a détruit le caractère unique de ce lieu :

• Le lino a remplacé le parquet en chevron massif.
• Les vitraux ont été démontés et sont laissés à la disposition de qui veut les voler.
• Les fenêtres anciennes de couleur ivoire, identiques aux boiseries d’époque, ont été remplacées par des modèles neufs de couleur gris anthracite.
• Les portes intérieures ont été remplacées par des modèles modernes en acier.
• La porte d’entrée du château a elle aussi été remplacée par un modèle tout droit sorti d’un site internet bon marché.

Les raisons du désastre:

Vous vous demandez certainement comment un tel désastre est possible.

Voici quelques éléments de réponse :

1. Absence d’autorisation d’urbanisme affichée sur place, ce qui a permis de ne pas éveiller la curiosité des associations de défense du patrimoine.
2. Non-respect de la procédure d’avis de l’architecte des Bâtiments de France (un avis rédhibitoire aurait dû être sollicité et donné du fait de la co-visibilité avec l’église).
3. Obstruction aux demandes d’informations de l’opposition.
4. Commande des fenêtres auprès d’une entreprise de Montlhéry non spécialisée dans le patrimoine historique en couleur unique sur les deux faces.
5. Amateurisme général dans les prises de décision.

Au-delà de ce gâchis, c’est le sujet du respect du patrimoine et des racines de Linas qui est posé.

Notre histoire, qui remonte aux Mérovingiens, et les vestiges qu’il en reste, devraient être préservés comme un trésor pour les générations futures.

Une municipalité constituée de gens à la recherche de leur propre intérêt plutôt que celui de la collectivité, qui agit dans l’improvisation, ne peut pas avoir la moindre considération pour l’héritage laissé par les anciens Linois.

Une municipalité qui fait disparaître les plaques inaugurales de ses prédécesseurs, qui démonte les mémoriaux qui lui déplaisent, qui se moque des témoignages du passé plutôt que de les valoriser, est en décalage avec les aspirations des habitants.

L’histoire de la salle Saint-Georges de Linas illustre l’impasse politique dans laquelle est plongée la commune depuis 2020.